Petit historique de la Foire Nationale aux Antiquités, à la Brocante,
aux Galeries d’Art et aux Produits du Terroir
L’historique pittoresque de cette manifestation donne la couleur et l’esprit de cette grande foire à la brocante.
La Foire aux Jambons s’est créée seule, au Moyen-âge, probablement même avant car la France a une vieille tradition « charcutière ».
C’était la grande spécialité gauloise. Les troupeaux de porcs gaulois faisaient l’admiration des Romains qui citaient avec enthousiasme le jambon de Bayonne, la charcuterie de Cerdagne, de Franche-Comté…
Jusqu’au XIXe siècle, le porc fut l’aliment de base des réveillons de Noël : il était le roi de la fête chez les paysans comme chez les bourgeois et les nobles.
Au cours du Moyen-âge, des charcutiers de toutes les provinces prirent l’habitude de venir à Paris durant la Semaine Sainte pour y vendre leurs viandes préparées. Ils s’installèrent là où il y avait le plus de chalands, autour de Notre-Dame, assurés d’avoir comme clients fidèles ceux qui assistaient aux offices. Les marchands étaient de plus en plus nombreux car la profession de charcutier était libre. La liberté de circuler laissée aux porcs fut supprimée par le roi Louis Le Gros, son fils Philippe ayant fait une chute de cheval mortelle causée par un porc. Seuls furent encore admis à circuler les « antonins » appartenant aux moines de Saint-Antoine. Tous les autres étaient ramassés et donnés à l’Hôtel-Dieu pour les malades. En 1451, on commença à réglementer cette Foire aux Lards et les mauvaises viandes étaient jetées à la Seine. A partir de 1500, elle devint trop importante pour son emplacement et, au cours des années qui suivirent, la Foire s’installe successivement rue des Prouvaires, Place de l’Hôtel de Ville, Place de la Morgue (aujourd’hui Place de la Concorde).
En 1789 et durant la Révolution et la Terreur, la Foire aux Lards disparaît.
En 1804, un décret la fait revivre sous le nom de Foire aux Jambons, elle revient près de Notre-Dame et Place de la Cité.
En 1813, une ordonnance l’envoie Quai de la Vallée (de nos jours Quai des Grands-Augustins) ; en 1832, elle déménage rue du Faubourg Saint-Martin à l’emplacement de l’ancien magasin aux fourrages.
Enfin en 1840, la Foire se fixe boulevard Bourdon. Viendront s’y adjoindre de nombreux marchands de bric-à-brac, vieux vêtements, vieilles ferrailles.
La Foire à la Ferraille était née et son sort fut désormais lié à celui de la Foire aux Jambons, qu’elle devait rapidement dépasser en importance.
En 1869, un arrêté de police transférait les deux marchés boulevard Richard-Lenoir, qu’ils ne devaient plus quitter pendant près d’un siècle, du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques jusqu’en 1940, puis après la guerre deux fois par an, au printemps et à l’automne.
Sous-jacents, les problèmes d’emplacement, d’accès, de circulation resurgissent à nouveau. Conscience fut prise d’une mutation imminente.
Le Syndicat National du Commerce de l’Antiquité et de l’Occasion présentera de nombreux projets de transfert. Tout fut repoussé.
En 1969, sans consultation préalable de la profession, la Préfecture de Police déplaçait la Foire sur le plateau Beaubourg et, le 2 février 1970, le Préfet de Paris informait le S.N.C.A.O. que, sur délibération du Conseil de Paris, la Foire à la Ferraille et aux Jambons pouvait être transférée hors de la capitale.
Les dirigeants du Syndicat National du Commerce de l’Antiquité et de l’Occasion entreprirent immédiatement l’opération de sauvetage nécessaire. Elle fut rondement menée, et à l’aide de la Municipalité de Chatou nous permit d’assurer la pérennité de la plus célèbre Foire à la Brocante de France.
C’est ainsi que les Parisiens retrouvent, dans une ambiance impressionniste, deux fois par an, la Foire à la Brocante et aux Jambons à Chatou (deuxième quinzaine de mars et fin septembre), ce vivant témoignage du passé où l’histoire de la brocante continue dans les allées du Chemin Vert et boulevard Richard-Lenoir.